[Retour sans filtre] ** Démographie, bouleversements climatiques : sommes-nous trop nombreux ?

16 janvier 2019 - Categories : Actualités, Midis de pac

// A l’issue de chaque Midi de PAC, Barbara Mourin, coordinatrice de la générale et des campagnes de PAC, revient avec ce qui l’a marquée pendant les deux heures de débat qui ont précédé. Un retour à chaud, subjectif et sans filtre.

Démographie, bouleversements climatiques : sommes-nous trop nombreux ?
Midi de PAC du 11 décembre 2018

Que dire en conclusion, sinon que je résiste à l’appel de ma couette qui me dit : viens, viens te glisser entre moi et ton matelas pour dormir jusqu’à ce que tout rentre dans l’ordre !
Mais non, je résiste, je suis forte.

Tout d’abord, grâce aux informations recueillies ce jour, je suis déculpabilisée : ce n’est pas parce que j’ai fait de nombreux enfants, qui ont eux-mêmes commencé à se reproduire, que la planète s’épuise.

Mais très vite, je suis re-culpabilisée. Je suis quand même du mauvais côté de la planète, la moins peuplée et la plus polluante. Je fais partie de celles·ceux qui consomment le plus et le plus mal.
Mais tout de même… à l’approche de cette période de faste et d’abondance, propice à l’oubli des soucis du quotidien, je me dois de rester optimiste !

Finalement ça a du bon, le réchauffement : je suis convaincue qu’en Asie, puisque le réchauffement menace la culture du riz que les cultivateurs doivent abandonner au profit de l’élevage de crevettes ; ils finiront tous par être très contents de manger plus de protéines.

Et puis c’est beau, le progrès ! Ma grand-mère maternelle, qui a rendu son dernier souffle après une existence longue d’un siècle, a vécu comme une réelle augmentation de son confort l’apparition des grands magasins et l’industrialisation de l’alimentation, elle qui a grandi à la ferme.

J’ai appris aussi, aujourd’hui, que lorsque le coupable du trou dans la couche d’ozone, le gaz fréon, a été identifié, la réponse a été immédiate, et très efficace. Finis les réfrigérateurs au gaz fréon, et, bénéfice secondaire non négligeable, disparues, les bananes et les choucroutes! Non, pas les aliments, mais ces coiffures d’un goût discutable qui tenaient en équilibre précaire sur la tête d’adolescent·es , dans les années 80, à grands renforts de bombes de laque…. Gavées de gaz fréon.

Mais aujourd’hui, l’heure est beaucoup plus grave : il ne s’agit plus de donner une réponse simple, efficace et immédiate à un problème technique. Non. Aujourd’hui, nous devons tous.tes nous engager à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°.

Alors je veux bien m’y engager individuellement, mais en tant que femme, je suis un peu inquiète tout de même : je sens bien qu’on va nous fourguer, à nous les femmes des tâches qui sont considérées comme propres à notre genre… Donc, je me méfie, un peu, tout de même. En tout cas, je reste très vigilante.

Collectivement, oui, je veux bien sensibiliser mon entourage. Bien que je ne suis pas certaine d’avoir les arguments pour convaincre mon voisin d’abandonner son gros 4×4 parce que c’est mieux pour la planète, et que ce serait beaucoup plus utile de venir cultiver avec moi un petit potager, dans le parc, à deux pas de nos maisons respectives. Quelque chose me dit qu’il va m’envoyer sur les roses…

Solidairement, oui, mais pas dans un esprit de charité envers les plus faibles, parce que ça, vraiment, ça suffit. D’accord, mais dans un esprit de construction ensemble, d’un autre monde. Un monde qui n’est pas celui de la croissance. Mais dans quel monde je, nous, ils/elles vivent ?

La masse grouillante du peuple, à la peau foncée ou au gilet jaune, pourra t’elle entendre ces nécessités, toutes celles et ceux que nos choix de société ont conduit à désirer, comme seul horizon possible, une vie qui ne serait faite que d’accumulation de biens ?

Sur ce, je vous laisse : ma couette m’attend, sous laquelle je vais finalement aller me réfugier. Parce qu’au bord du gouffre, à 0,5° près, on va faire soit grand pas en avant… ou un petit pas en arrière.