Les vertus du sport, tant pour le corps que pour l’esprit, ne sont plus à démontrer. La pratique d’une activité physique offre un bien-être corporel et mental recommandé dès la prime enfance. Cependant, entre marketing et démocratisation, sport business et sport bien-être, culte de la performance et solidarité, écoblanchiment et sport nature, machisme et camaraderie, le sport charrie son lot de contradictions, reflet des sociétés dans lequel il évolue.
Dans cette étude, nous allons tâcher de tirer le fil de diverses thématiques afin d’aborder les enjeux sociétaux du sport et son impact sur la vie de la cité, des populations et de notre planète.
Sommaire de l’étude :
- Introduction
- Le sport comme vecteur d’émancipation sociale
- Vert, le sport ?
- Ce que le sport fait à nos corps
- La politique du sport, le sport politique, sports et politiques
- Le sport comme marqueur de classe
- Ce que le genre fait au sport
Le sport comme vecteur d’émancipation sociale
Encadrée par des travailleur·euses sociaux·ales, la pratique sportive peut être vecteur de solidarité, donner accès à des compétences sociales, à une meilleure estime de soi et même, dans certaines circonstances, rapprocher des communautés. Le sport peut amener des enfants vers l’école, apaiser des situations tendues ou pousser de jeunes adultes sur le chemin de la formation professionnelle pour s’inviter sur le terrain de l’utilité sociale. Loin des logiques de compétition et du rendement financier – et sans pour autant tomber dans l’écueil du contrôle social – le sport est dès lors mis au service du bien commun.
Vert, le sport ?
Les idéaux véhiculés par la pratique sportive, qu’elle soit professionnelle ou de loisir, peuvent sembler en contradiction avec ceux liés à l’écologie. Domination, concurrence et performance vs lenteur, respect de l’environnement, écoute de soi et des autres. Le sport, qu’il soit amateur ou professionnel, c’est la quête de performance, de dépassement de soi et/ou des autres et toujours plus haut, plus fort, plus loin, plus vite, tout l’inverse de cette sobriété vers laquelle nous devrions tendre. Et pourtant, l’exercice du sport peut-il faire l’impasse d’une prise en considération des luttes écologiques, tant pour ses pratiquant·es que pour la pratique elle-même ?
Ce que le sport fait à nos corps
Il est assez communément admis que le sport implique de prendre soin de son corps et que sa pratique est bénéfique pour la santé. Mais dans quelle limite est-elle raisonnable ? À quel moment cela devient-il problématique de contrôler sa masse corporelle, de vouloir « prendre du muscle » ou de devoir se conformer à des standards ? Dans nos régimes capitalistes, le corps est devenu un objet à façonner, un capital à faire fructifier dans une quête individualiste de perfectibilité. Il est aussi, notamment dans le sport de haut niveau, un physique qui doit se conformer aux normes imposées. Dès lors, quelle place pour une émancipation saine et équlibrée dans le sport moderne ?
La politique du sport, le sport politique, sports et politiques
La neutralité du sport fait partie de (l’in)conscient collectif. Pourtant, nous allons voir que sport et politique sont intrinsèquement liés. De l’extrême droite à l’extrême gauche, toustes les acteur·ices du spectre politique utilisent, voire instrumentalisent, la pratique sportive pour promouvoir leurs idées. Le sport serait donc neutre, mais aussi apolitique, égalitaire et démocratique. Et pourtant, force est de constater que ces affirmations tendent à se détricoter à l’épreuve de la réalité. Quelle « trêve olympique » ? Et que pensez du double standard entre les athlètes russes et israélien·nes ? Les premier·es étant interdit·es de concourir par nombre de fédérations internationales en raison de l’invasion russe en Ukraine alors que les second·es pratiquent en toute impunité malgré les offensives militaires israéliennes contre Gaza. Alors, apolitique, le sport ?
Le sport comme marqueur de classe
L’expansion économique du sport fait rage depuis plusieurs décennies, mais au bénéfice de qui ? Quelle place pour la majorité de la population dans les tribunes des arènes sportives ? Comment la révolution libérale du football a-t-elle transformé ce sport ? Comment la métamorphose des Jeux olympiques en divertissement diffusé en mondiovision a-t-elle modifié son essence ? Et quel impact tout cela a-t-il sur les publics, dans les stades et derrière leurs écrans ? Le sport est devenu un spectacle, voire une entreprise qui brasse des sommes d’argent d’une ampleur inégalée. Et cela n’est pas près de s’arrêter…
Ce que le genre fait au sport
Lorsqu’elles osent se lancer dans la pratique sportive, comment les femmes sont-elles traitées par leur entourage (entraineur·euses, kinésithérapeutes, nutritionnistes, etc.), par leurs fédérations et les médias ? Les questions de harcèlement, de santé mentale, d’orientation sexuelle, de violence sexiste ou d’emprise se font jour et elles sont de plus en plus nombreuses à prendre la parole pour dénoncer les dérives de leur milieu. De Simone Biles à Charline Van Snick en passant par Naomi Osaka et la pionnière Amélie Mauresmo, il apparait évident que le monde du sport est lui aussi imprégné de violences systémiques patriarcales.
