2025

« En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange».

Voilà un extrait d’un discours que l’on aurait du mal à attribuer aux pères fondateurs du communisme. Et pourtant, il s’agit bien d’une allocution tenue à Bruxelles en 1848 par Karl Marx et Friedrich Engels quelques mois avant la parution du Manifeste du parti Communiste. Alors que la pensée marxiste est souvent associée à l’anti-capitalisme, il semblerait que ce soit plus une interprétation qu’une réalité. La thèse des accélérationnistes de gauche (AG) part de ce postulat. Loin de Marx l’idée de ralentir les systèmes de production capitalistes, l’accélération du libre-échange permettrait de « dissoudre les anciennes nationalités et de pousser l’antagonisme entre prolétariat et bourgeoisie à son paroxysme ». Contre un système protectionniste conservateur, un libre-échange destructeur accélérerait le processus révolutionnaire. Il paraît alors illusoire, sinon réactionnaire, de prôner une déconstruction du système et une décroissance dans une perspective subversive. C’est pourtant le parti pris d’une certaine gauche radicale, à l’instar d’Ivan Illich, que l’AG tend à critiquer.