Analyse #04 – Sarah Demart – Présences congolaises à Bruxelles et postcolonialismes

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Tout dépend du point de vue que l’on adopte. Du point de vue du débat public ou des questions de société, le passé colonial belge semble durablement cantonné dans les marges de la société et des sujets non politiquement corrects. Des revendications associatives ont bien lieu, de même que des initiatives muséologiques, cependant  le passé colonial de la Belgique et surtout ses éventuelles logiques de continuité à date contemporaine et sur le territoire belge ne semblent pas faire partie des sujets de société ni du récit national. Malgré un renouveau significatif dans le monde de la recherche depuis le milieu des années 1990, on peut dire que le passé colonial est absent de l’historiographie nationale et jusqu’à un certain point de la mémoire collective notamment chez les jeunes et alors même que, paradoxalement, des liens forts perdurent entre les institutions belges et le Congo.  On est dans une situation étrange où des évènements inédits au niveau européen se donnent à voir, comme la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance du Congo, qui mobilisa quasiment toutes les institutions du pays, mais sans parvenir à poser la question des rapports belgo-congolais ici et maintenant, et plus généralement la place des citoyens issus de l’histoire coloniale ou tout simplement des Noirs en Belgique. L’avènement d’une histoire officielle faisant justice aux différentes mémoires de l’histoire partagée est aussi loin d’être posée, excluant de facto, y compris par le biais de l’école, la possibilité pour certains citoyens de se retrouver dans les grands récits nationaux, notamment ceux relatifs aux fondements démocratiques de la société, dont le multiculturalisme fait par ailleurs partie.

Propos recueillis par Aurélien Berthier, rédacteur en chef ‘Agir par la Culture’

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