Analyse #05 – Jean Cornil – Boabdil, Lorca, Marinaleda enseignements andalous

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Le 2 janvier 1492, Boabdil, le dernier roi maure de Grenade, remet les clés de la ville sur la colline de l’Alhambra à la reine Isabelle de Castille. Devant cent mille spectateurs musulmans, juifs et chrétiens, la Reconquista s’achève. Elle avait commencé en 722, début de la croisade des chrétiens d’Espagne pour chasser les maures de la péninsule ibérique. Il n’y pas de pillage ni de mise à sac. Juste une cérémonie fastueuse et un Te Deum. Huit siècles de présence musulmane s’achèvent. Al-Andalus, cette petite merveille de rapprochement entre hommes de toutes confessions, cette subtile combinaison entre foi et raison, comme en témoignent la puissance spirituelle d’Averroes et de Mamimoïde à Cordou, s’efface. Malgré les promesses des « Rois catholiques » sur la liberté de culte et la sécurité des personnes, tout de suite les vexations et les pressions s’abattent sur tout qui ne se reconnait pas dans le Christ. L’expulsion des Juifs est décrétée le 31 mars 1492. Tomás de Torquemada, l’inquisiteur général de Castille, traque impitoyablement les « conversos », ces nouveaux chrétiens restés juifs de cœur. Les Juifs ont trois mois pour vendre leurs biens et organiser leur départ. Ceux qui resteront après le 30 juin 1492 sont passibles de mort. Deux millénaires de présence juive en Espagne, s’éteignent brutalement. Et en 1502, un édit condamne les marranes et les musulmans à quitter le royaume. L’ordre catholique règne. En un sens il dure encore.

Une analyse de Jean Cornil, essayiste

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