Analyse #17 – Nadège Albaret – Centres Culturels et Démocratie Culturelle

Categories : 2014, Analyses
Le Centre culturel tel qu’imaginé par le décret de 1970 n’est pas l’unique instrument des politiques culturelles en Belgique mais il est l’un des meilleurs outils de démocratie culturelle. En ces temps de crise de la société et de la démocratie représentative, de perte de confiance en nos politiques et de manque d’engagement d’acteurs citoyens et critiques, le Centre culturel est un excellent modèle institutionnel : il est le lieu du débat, du lien et de la confrontation entre le tissu associatif, les citoyens et les politiques. Il est l’espace de rencontre où chacun peut se réapproprier sa – une forme de culture, où différents groupes de la population développent leurs projets culturels en concertation et dans les formes les plus variées. Les années 70 ne sont plus celles d’aujourd’hui. Les conditions de réussite et de poursuite de cet esprit fondateur reposent sur quelques principes clés : le respect de cette vision par les politiques locaux et régionaux, une conscience politique et une professionnalisation des acteurs culturels eux-mêmes au coeur du processus, un suivi pédagogique des bénévoles impliqués dans les instances telles que le Conseil d’administration et le Conseil culturel, et une évolution majeure des préoccupations vers des enjeux plus actuels. Le Centre culturel est, par sa polyvalence, un des seuls lieux qui peut encore offrir des processus créateurs de type long qui correspondent au mieux aux acteurs, aux habitants, aux artistes d’un territoire et qui entraînent même une réelle transformation sociale à long terme. Et pas seulement les populations dites « défavorisées » mais également les classes intermédiaires susceptibles d’être attirées par des formes larvées de fascismes prometteuses de sécurité, gage de sauvegarde du bonheur1. La participation et la production culturelles amènent une série de modifications et de prises de conscience vers un engagement citoyen plus élargi. Si aujourd’hui encore plus qu’hier, ces espaces d’ouverture, de création et de débat ont du sens à être maintenus, renforcés, encadrés, incités, ils doivent progressivement s’adapter aux changements sociaux et technologiques d’aujourd’hui et de demain pour rester des outils pertinents adaptés aux sensibilités et réalités actuelles.

 

Une analyse de Nadège Albaret, Animatrice et Formatrice chez Présence et Action Culturelles 

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