Analyse #24 – Mehdi Derfoufi – Etre blanc dans un monde de brutes

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À la faveur du développement du numérique, la généralisation de la culture vidéoludique contribue à la fois à légitimer un loisir méprisé, et à bousculer les hiérarchies culturelles : à travers le modding ou les machinimas1 les notions d’art et d’auteur sont désacralisées, tandis que l’ère du transmédia s’impose comme celle de la culture participative. Des activistes, des enseignant-e-s, s’emparent du jeu vidéo comme un moyen (de faire passer un message politique, de transmettre des connaissances,…). Alors, pour développer l’esprit critique, jouons les jeux indépendants contre les blockbusters ? Les fans contre l’industrie ? Ce positionnement trouve, on s’en doute, rapidement ses limites. Des jeux comme Mass Effect (BioWare, 2007-2012), Dead Space (Electronic Arts, 2008-2013), Silent Hill (Konami, 1999-2012), Bayonetta (Platinum Games, 2009-2014), The Last of Us (Naughty Dog, 2013) — parmi d’autres — sont conçus pour être des succès commerciaux. Ils ont aussi d’indéniables qualités artistiques, un univers riche, sont passionnants à jouer et, pour certains, travaillent les représentations dominantes d’une façon tout à fait stimulante en remettant en cause les stéréotypes sexistes et les stéréotypes racistes (c’est le cas notamment de Bayonetta ou Mass Effect).

Une analyse de Mehdi Derfoufi, Chercheur associé à l’Institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel (Université Paris 3- Sorbonne-Nouvelle) et chargé de cours en cinéma et en game studies à l’Université de Lausanne
(Analyse parue dans le magazine de PAC « Agir par la Culture » N°43-Automne 2015)

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