Atelier d’écriture Ose écrire • séance du 28 mars 2024

Régionale : Brabant wallon   Categories : Non classé

Chaque mois, retrouvez quelques uns des textes écrits par les participantes et participants de l’atelier d’écriture Ose écrire. Les textes sont publiés avec l’accord de leurs auteurs et autrices respectives.

Consigne : il y a 153 ans, le 28 mars 1871, la Commune de Paris était proclamée. En seulement deux mois de temps, presque toutes les avancées sociales et politiques du vingtième siècle étaient mises en place. Plusieurs chansons ont été écrites pour commémorer la Commune. La plus connue est Le temps des Cerises. L’Internationale est un texte d’Eugène Pottier, mis en musique par le compositeur belge Pierre Degeyter. Il l’a écrit pendant la répression qui a écrasé la Commune, lors de la Semaine Sanglante (du 21 au 28 mai 1871). Pottier a écrit un autre texte, Elle (la Commune) n’est pas morte !, dont j’ai choisi arbitrairement 8 mots et un groupe de mots. Je vous propose d’écrire un texte dans lequel vous allez placer ces 8 mots et ce groupe de mots. Le thème est libre. Singulier et pluriel sont indifférents.

Mots à placer : eau-forte, silence, barricade, tourbe, ambulance, calomnie, pomme, escorte, “Tout ça n’empêche pas…”

Proposition d’écriture de Roubina : Un silence interrompu
La route était bien longue entre Notre-Dame-au-Bois et l’entrée de Bruxelles pour les jambes fines de la petite Elza et sa sœur. Chaque jour de la semaine, par tous les temps, elles empruntaient le chemin de l’école à pied.
La tourbe et le silence environnant laissaient l’impression indélébile d’une eau-forte et donnaient tout leur charme aux histoires de petites filles qu’elles s’inventaient pour arriver plus vite à destination. Parfois, de rares marcheurs leur faisaient escorte.
Plutôt que de se plaindre des kilomètres à parcourir ou des sabots qui marquaient leurs pieds, les deux sœurs croquaient l’unique pomme que leur mère leur avait donnée pour la journée.
Cette routine fut un jour interrompue par un accident causé par deux voitures. Bien que roulant sur une route vide, elles s’étaient téléscopées dans une ligne droite, le soleil bas du printemps naissant ayant ébloui un des conducteurs et la neige empêchant l’autre de maîtriser son véhicule. Le spectacle impressionnait les deux gamines qui avaient marqué une pause. Les voitures barraient le passage, tel une barricade, et l’arrivée d’une ambulance semblait être le clou du spectacle…
C’était sans compter la réaction d’un des chauffeurs, visiblement énervé par l’état de sa voiture. Il déversa des propos mélangés de calomnies à l’égard de l’autre chauffeur encore étourdi. Au point qu’Elza bouche les oreilles de sa petite sœur.
Tout ça n’empêcha pas les deux sœurs de reprendre le fil de la routine hebdomadaire pour rallier l’école sans trop de retard. Au moins, elles auraient une histoire à partager dans la cour de récréation.
Proposition d’écriture de Christine : Une ambulance dans la nuit
Cette nuit, Irène est partie en ambulance vers l’hôpital le plus proche. Elle a appelé sa fille Camille vers 3 heures, se plaignant de maux de ventre insupportables.

« Pourtant j’ai à peine dîné, ne cessait-elle de répéter au téléphone. Une petite tartine et une pomme ».

Il est vrai que depuis quelques temps Irène surveille son poids et calcule minutieusement  les calories ingurgitées et dépensées.

Malgré les relations compliquées qu’elle entretient avec sa mère, Camille s’est précipitée à son chevet dans le silence de la nuit, avec pour escorte un mari bougon, à moitié endormi et maudissant cette belle-mère envahissante. En pénétrant dans l’appartement d’Irène, Camille a été incommodée par un parfum entêtant qui lui a rappelé l’odeur de tourbe que l’on brûlait dans la cheminée de l’auberge irlandaise où elle a séjourné cet hiver. En réalité, sa mère a pris la peine d’allumer une bougie parfumée dans une tentative désespérée de masquer des odeurs plus désagréables. En constatant la faiblesse d’Irène, Camille a pris peur évidemment. Et la barricade dressée entre les deux femmes depuis de nombreuses années s’est effondrée d’un seul coup.

« Oh maman a-t-elle seulement murmuré en lui prenant la main ».

Son mari, sortant de sa torpeur, a appelé les secours et ils ont tous deux suivi l’ambulance, roulant dans la nuit derrière la lumière de plus en plus lointaine du gyrophare. Maintenant ils se trouvent dans la salle d’attente des urgences de l’hôpital. Camille tente de maintenir l’angoisse à distance. Elle tourne les pages d’une revue artistique, sans la regarder vraiment. La reproduction d’une eau-forte de James Ensor attire néanmoins son attention. Des visages grimaçants semblent se moquer d’elle.

« Tout cela n’empêche rien, pense Camille, je ne pourrai pas oublier ce que maman a fait ».


Consigne : Comme Hibernatus, votre personnage se réveille après un sommeil d’un siècle. Il découvre le monde cent ans après. Quelles sont ses réactions, ses réflexions, ses impressions ? (inspiré par l’atelier d’écriture en ligne de Laurence Smits “La plume de Laurence”.
Proposition d’écriture de Roubina
Ce matin, je me réveille les paupières lourdes d’un long sommeil. En voulant m’extirper de mon lit, c’est mon corps tout entier qui me fait mal. Il me faut de longues minutes pour parvenir à me tourner sur le côté et enfin me redresser.
Je ne comprends pas toute cette douleur, comme si un train m’était passé dessus. Mes muscles semblent avoir perdu toute substance, pour ne laisser place qu’à des articulations rouillées par les années.
J’ai l’impression d’avoir cent ans, hier pourtant, j’en avais trente.
Au bord du lit, le monde tout autour vacille et après de vrais efforts pour trouver un équilibre, j’ose enfin poser les pieds sur un sol glacé. Le contraste de température avec la chaleur confortable de ma couche secoue mon corps d’un grand frisson. C’est assez, ça doit être un mauvais rêve…
Vite, je retourne me coucher, jusqu’au prochain réveil.

Proposition d’écriture de Marie
Un ancien élève des années 1970 se réveilla après 100 ans, dans une maison qu’il ignore.
Il redécouvre ce nouveau monde, un monde qu’il ne connaît pas. Tout a changé :
– les manières de s’exprimer
– les tenues vestimentaires
– les nouvelles technologies
– les véhicules
– l’architecture
Par la suite, il entendit des chuchotements, de personnes présentes dans la maison. Il se demanda qui étaient-ils. Il s’avança et ouvrit la porte, tous ces gens le regardèrent en souriant et étaient heureux de le retrouver.
Cet ancêtre du temps passé, ces personnes sont ses descendants.
Il se sent heureux et fier d’eux et de lui-même.
En effet,  il avait été  congelé envie de conserver son corps suite à une mort suspecte. Sa famille voulait croire à sa résurrection. Le vœux a été exaucé.