Cahier 27 – Traces d’écrivains publics

Categories : Cahiers de l'Education permanente, Publications
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On le croyait révolu, obsolète, rescapé comme un mythe du temps jadis où la scolarité n’était pas obligatoire. On le jugeait au passé, on le commémorait quand on ne l’oubliait pas. Le voici qui renaît de ses cendres, plus nécessaire que jamais, celui prête sa plume à ceux qui n’ont pas, ou plus, ou guère : l’écrivain public. A égale distance de l’alphabétisation et de la culture, à la croisée de l’éducation permanente et de l’action sociale, son rôle consiste d’abord à mettre ses connaissances, ses compétences et sa discrétion au service de ses contemporains démunis face à l’écrit. C’est là l’objet de sa charte, la charte de l’écrivain public adoptée en 2003 par la Communauté française Wallonie-Bruxelles. Il officie dans des bibliothèques, des écoles, des maisons de retraite, des régies de quartier, des maisons de l’emploi, des centres culturels, des marchés, des prisons. Peu de lettres d’amour, rare la poésie. On sort illétré de l’école et le gout d’écrire se perd. Alors des formulaires à remplir, des demandes de délais de paiement ou de logis sociaux à rédiger, des lettres de réclamation à argumenter, des mises en demeure et des suppliques, des pétitions, aussi. L’écrivain public, témoin des problématiques individuelles formé pour écouter, orienter et assister confidentiellement les bénéficiaires de son service, devient alors le lieu de passage et de mise en forme de revendications collectives au profit de la cité.