« La ville devrait être d’abord considérée comme une narration jamais finie,
comme un système complexe de signes continuellement en mouvement »,
Jean-Pierre Grunfeld, sémiologue urbain
Présence & Action Culturelles a voulu consacrer cette campagne de sensibilisation à la place de la culture dans l’espace public, en déclinant des plaques de rue alternatives, et ainsi interroger la place – au sens physique du mot – dédiée à la culture, aux cultures et aux arts au sein de nos centres urbains.
En effet, la culture, les expressions culturelles, les expressions artistiques et citoyennes ont une capacité particulière à construire et à déconstruire les représentations du monde et les transformations de notre société. La culture se doit donc de rendre la démocratie féconde, et la parole libre et émancipatrice. Ce faisant, dans une société en permanente recherche de consensus, il importe de redonner son sens à l’espace public, intermédiaire entre le citoyen et le politique, comme lieu de possibles et de négociations.
Dans une société à l’urbanisation galopante et insuffisamment concertée, le rétrécissement, voire la privatisation des espaces d’expression et de débats publics se fait sentir plus fort de jour en jour. Les cités aseptisées et fonctionnelles qu’on nous propose ne permettent plus aux formes diverses de créations culturelles ou artistiques de s’exprimer et par là, de toucher le cœur et l’esprit des habitants, de questionner, d’interagir.
Chacun de nous qui participe de la ville, participe à la narration qui la compose – et qui donc la rend en mouvement permanent – : les pouvoirs publics, les acteurs culturels, les institutions mais aussi, et surtout, par les citoyens eux-mêmes, dans leurs pratiques artistiques, leurs luttes, leurs revendications.
C’est pourquoi, défendre la ville avant tout comme un espace d’expression est dès lors au centre des enjeux démocratiques à l’heure où, sans aucun doute, la communication de type mercantile est devenue le premier raconteur d’histoires de nos espaces urbains, le premier producteur de sens en quelque sorte. Or, au nom de quel principe est-il plus acceptable que les murs de nos cités soient placardés d’affiches publicitaires que de graffitis ou autres formes d’art urbain ? Pourquoi l’affichage racoleur est-il plus légitime que l’expression ou le questionnement d’un artiste ?
Ajoutons encore qu’au nom de l’ordre public – expression du glissement de la norme démocratique -, les droits fondamentaux au sein de l’espace public (liberté d’expression, liberté de manifester…) se voient limités, voire parfois interdits. L’aménagement de l’espace public et le mobilier urbain sont par ailleurs le reflet assez évident du glissement qui s’opère. Pour exemples, l’interdiction des musiciens de rue de jouer sans autorisation, sous peine d’amendes ; pour les associations et les opérateurs culturels qui doivent aujourd’hui payer l’usage de l’espace public.
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