En grève de la faim, le jeune Abu Sakha devrait être libéré le 11 septembre 2017 – Communiqué de Présence et Action Culturelles

Categories : Communiqués de presse
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Remise en contexte : Mohammad Abu Sakha, âgé de 23 ans, est arrêté le 14 décembre 2015 par les autorités israéliennes alors qu’il se rendait de Jénine à Ramallah pour assister à un concert avec ses amis. Il comparait huit jours plus tard, devant le tribunal militaire à Salem, où il se voit infliger une peine de détention administrative de six mois. Cette peine a depuis lors été prolongée à deux reprises. Aucune accusation ne lui a été signifiée. Aucun procès ne peut donc être tenu, rendant dès lors impossible toute défense par un avocat. Durant ces dix-huit mois de privation injustifiée de liberté, Abu Sakha n’a eu droit qu’à quelques visites de sa famille. Pendant ce temps également, ses élèves de l’École du Cirque, dont des enfants atteints de déficience mentale, restent privés de leur entraineur.

Avec sa famille, ses amis et ses proches, nous sommes en outre très préoccupés quant à son état de santé. Cela fait en effet aujourd’hui 34 jours que l’artiste a rejoint un large mouvement de grève de la faim, mené dans les prisons israéliennes par plus de 1.500 détenus palestiniens. Ils réclament des conditions de détention plus dignes : l’augmentation de la durée des visites des familles à une heure, la permission d’avoir un contact personnel avec les enfants, la possibilité pour des médecins de ville de venir examiner les prisonniers, la fin des fouilles d’enfants de moins de quatorze ans, l’interdiction que les sections féminines soient gardées par des hommes, etc.

« Je refuserai de manger autant que possible, afin que je puisse me sentir plus proche de mon fils et des douleurs qu’il endure actuellement » a expliqué Raja Hamdan Abu Sakha, la maman du jeune artiste, accompagnant à distance son fils dans son combat. « Je voudrais que tous les prisonniers soient libérés – et qu’ils soient au moins traités de façon correcte pendant leur mouvement de grève. C’est déjà assez pénible qu’ils soient confinés entre quatre murs… », a-t-elle indiqué.

Pour rappel, la détention administrative est une procédure qui permet aux autorités israéliennes -qui en abusent- de détenir une personne pour une durée de six mois maximum, renouvelable de manière indéfinie, sans inculpation ni procès. Le détenu administratif est emprisonné le plus souvent sur la base d’informations considérées comme « secrètes » par l’armée et qui ne sont pas accessibles ni au détenu ni à son avocat. Une ordonnance de détention peut être renouvelée le jour même de son expiration sans que le détenu en soit informé au préalable. De plus, l’absence d’accès aux dossiers, réservés aux seuls procureurs et aux juges militaires, ne permet pas aux avocats des détenus de contester efficacement leur placement en détention. Aujourd’hui, plus de 700 Palestiniens – hommes, femmes et enfants – sont jetés prison, en détentions administratives, maltraités, terrorrisés, isolés de leur famille, sans possibilité de jugement équitable.

Depuis de nombreuses années, Présence et Action Culturelles soutient le développement et la pérennisation de l’École de Cirque en Palestine. Cette dernière a pu voir le jour en grande partie grâce au soutien et à une intense et précieuse collaboration avec la Belgique, travaillant encore aujourd’hui en étroite collaboration avec des organisations belges ainsi qu’avec le gouvernement. L’École en tant que telle a pu notamment être bâtie grâce à un soutien spécifique du gouvernement belge et de son Ministère de la Coopération au développement, d’autres soutiens de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Wallonie-Bruxelles International ainsi que de la population belge et des amis ont aussi permis son développement .

Le 11 juin prochain, Mohammad Abu Sakha verra sa détention administrative prolongée de trois mois pour la troisième – et nous l’espérons – dernière fois.

Dominique Surleau
Secrétaire générale de PAC