[COMMUNIQUE] Ni Carola Rackete, ni personne ne devrait être poursuivi·e pour un délit solidarité !

4 juillet 2019 - Categories : Actualités, Communiqués de presse

Présence et Action Culturelles se réjouit de la libération de Carola Rackete, arrêtée le 29 juin par les autorités italiennes pour résistance avec violence envers un navire de guerre et obstruction à la force publique. Son « crime » ? Avoir sauvé la vie de 53 migrant·es dérivant sur un canot de fortune en Méditerranée, le 12 juin dernier. Mais la navigatrice fait toujours l’objet d’une enquête pour « aide à l’immigration clandestine », ce que notre mouvement déplore fermement.

Rappel des faits. Après avoir sauvé ces personnes d’une mort certaine, les garde-côtes libyens demandent à Carola Rackete de les ramener à Tripoli. La capitaine du navire refuse, le droit international de la mer imposant de débarquer des naufragés dans un port sûr. Ce qui n’est pas le cas de celui libyen. Elle prend alors la direction de Lampedusa. Les autorités italiennes vont à sa rencontre et acceptent d’accueillir 11 passagers sur les cinquante-trois, pour des raisons sanitaires et humanitaires. Les 42 autres personnes sont quant à elles interdites de débarquer en Italie, sur ordre de Matteo Salvini, ministre italien de l’Intérieur (Ligue du Nord – extrême droite). Carola Rackete refuse et tourne alors autour de l’île de Lampedusa, dans l’attente d’une solution. Poussée par une situation sanitaire qui se dégrade de plus en plus au sein de son navire, elle brave l’injonction et débarque dans le port italien. Elle se voit dès lors privée de liberté, mais atteint néanmoins son but : les migrant·es sont réparti·es entre différents pays de l’Union européenne.

Bien que libérée des charges initiales retenues contre elle, Carola Rackete sera pourtant convoquée, le 9 juillet prochain, par le parquet d’Agrigente. Elle devra en effet se défendre du délit de solidarité, tout comme l’ont été en Belgique, en novembre 2018, douze hébergeur·euses accusé·es de trafic d’êtres humains. On se souvient que ces personnes avaient été finalement acquittées. PAC espère que, tout comme en Belgique, la justice italienne restera garante du respect des droits démocratiques et humanitaires. Un garde-fou plus que nécessaire, surtout lorsque le pouvoir politique manque de manière aussi flagrante à ses missions premières.

Si l’Italie est en ce moment sous le feu des projecteurs, il est important de rappeler que c’est l’Europe toute entière qui traite la question migratoire comme un problème – voire une nuisance – qu’on pourrait régler uniquement via des quotas et des budgets. Les cartes ont été rebattues le 26 mai dernier, suite aux élections européennes. En renouvelant ces instances, nous attendons un changement radical dans notre rapport aux flux migratoires, que ce soit chez nous ou en Europe. Comme l’indiquait Robert Schuman, un des pères fondateurs de l’Union européenne : « Nous avons acquis la conviction, par la démonstration des faits, que les nations, loin de pouvoir se suffire à elles-mêmes, sont solidaires les unes des autres; que la meilleure manière de servir son propre pays est de lui assurer le concours des autres par la réciprocité des efforts et par la mise en commun des ressources ». Cinquante-six plus tard, ce message constructif devrait, plus que jamais, nous aider à repenser politiquement la question de ces personnes qui fuient l’horreur de leur pays afin d’éviter d’y laisser leur peau, ainsi que celle de leur famille.

Confronté·es à une montée croissante de la haine de l’autre et du racisme sous toutes ses formes, des associations et institutions de l’action commune, dont Présence et Action Culturelles, avaient décidé en 2018 de faire campagne ensemble afin de dénoncer les dérives de la politique migratoire belge menée par le gouvernement fédéral de droite extrême.

Nous tenions aujourd’hui à en rappeler le message : la solidarité n’est pas un crime.


Source de la photo : site Internet de Sea Watch