blog

Il y a cinquante ans, les femmes se sont battues pour conquérir le droit à l’avortement et à la contraception. Un combat, mené dans la rue et au sein des institutions, par des personnalités aujourd’hui reconnues et dont on ne cesse de louer l’engagement. Leur slogan « Un enfant si je veux, quand je veux » est encore scandé par de nombreuses militantes depuis, tant le droit à disposer de son corps reste encore un sujet quelque peu (et ce n’est rien de le dire) contesté. Cette liberté reste à conquérir pour de nombreuses personnes, notamment lorsqu’il est question de faire le choix de ne pas avoir d’enfant. Ou quand la stérilisation féminine demeure un sujet tabou, impensé dans notre société.

La cour de récréation est un espace essentiel dans la vie des enfants. Lieu de détente, de sociabilisation, d’échange… et donc, par corollaire, lieu de construction sociale de genre, individuelle et collective. Autant la réflexion intellectuelle, abordée dans la première partie de cette analyse, est essentielle pour faire avancer les choses, autant la pratique de terrain peut s’avérer riche d’enseignements.

Le genre fait géographie. Cette affirmation est d’Édith Maruéjouls, géographe du genre. Depuis plusieurs années, elle mène des missions d’immersion de quatre à six mois dans des écoles françaises afin de formuler des recommandations d’aménagements des espaces scolaires. Son objectif ? Permettre une prise de conscience des problématiques liées à l’égalité et à la mixité dans l’espace scolaire auprès de la communauté éducative et des jeunes. Sur base de ses observations, elle organise des ateliers participatifs et de sensibilisation avec les élèves et leurs accompagnant·es (professeur·es, animateur·ices, etc.) pour reconfigurer collectivement les espaces communs afin que leurs usages soient réellement partagés. Pourquoi les terrains de foot occupentils toujours la place centrale dans la cour ? Pourquoi les filles sont-elles cantonnées aux marges de celle-ci ? Pourquoi les activités calmes sont-elles qualifiées de « petits jeux » ? Pourquoi y a-t-il si peu de filles dans les jeux collectifs ? Pourquoi les filles n’ont-elles que des mobilités utilitaires tandis que les garçons vont et viennent à travers tout l’espace ?

Peggy Pierrot et Stéphane Noël sont profs à l’ERG (École de Recherche Graphique) à Bruxelles et s’intéressent de près à la question de la production des images et à ses modalités. La première y enseigne la théorie des médias et de la communication et le second, la narration graphique. Nous les avons rencontrés pour évoquer le rapport aux images et leurs usages au sein des milieux associatifs et militants. L’occasion aussi d’évaluer les impacts sociaux et culturels d’évolutions récentes sur la production d’images, liées notamment à la numérisation du monde comme les banques d’images ou la production d’image par intelligence artificielle.

Si la publicité est souvent sur les radars, critiquée pour sa tendance à façonner nos imaginaires, à reproduire des stéréotypes et des rapports de domination ou pour tenter de les déconstruire de manière souvent grossière, on s’attarde moins souvent sur les choix des structures culturelles et associatives qui pourtant nous abreuvent quotidiennement d’images. Elles qui, dans leurs pratiques, ont souvent à cœur de transformer, en tout cas d’interroger nos imaginaires et les rapports sociaux dont ceux-ci sont issus et qu’ils contribuent à construire. Production d’images propres, récupération d’image dans des bases de données dédiées, détournement ou réutilisation d’images libres de droits, création graphique et/ou typographique… Quelques pistes de réflexion pour une éthique de la communication visuelle dans le monde du non-marchand.